Bibliothèques chinoises traditionnelles
Je crois avoir lu que, dans les bibliothèques chinoises traditionnelles, on range les livres à plat. Seule la tranche inférieur du livre est visible, de sorte que, pour identifier les livres, on insère une sorte d’étiquette amovible (une sorte de marque-page), revêtue du titre, qu’on laisse dépasser à l’extérieur pour le rendre visible.
Me confirmez-vous cette pratique ? Auriez-vous un article sur le sujet ? Peut-on trouver des illustrations sur Internet ?
Réponse
Le rangement physique des livres dans les bibliothèques chinoises semble être tributaire de l’histoire des supports d’écriture et de celle de la reliure.
Après l’os, le bois ou encore le bambou, c’est la soie (légère mais coûteuse donc réservée aux documents précieux) puis le papier, découvert au Ier siècle avant JC, qui furent les supports privilégiés. On écrit sur des feuillets rectangulaires collés les uns aux autres, puis roulés pour être stockés. Ce format en rouleau a perduré jusqu’au VIIIe siècle. Une étiquette était attachée au bout du rouleau, afin de l’identifier. Il est probable que ces rouleaux étaient stockés à plat, comme dans les bibliothèques antiques du monde romain, le bas ou le haut du rouleau tourné vers le lecteur. Le "relief de Neumagen" en est une illustration (bibliothèque du IIe siècle, découverte à Cologne en 2017).
A partir du VIIIe siècle apparaissent les reliures à plis, ou en accordéon, puis un peu plus tard la reliure « papillon » qui font passer du rouleau au livre à plat.
La conservateur en chef en charge des manuscrits chinois à la BnF confirme cette pratique très répandue de rangement à plat : « Les livres chinois étaient composés d'une série de fascicules brochés que l'on empilait et qui étaient maintenus en place et protégés par une enveloppe rigide (à cinq pans ou plus) posée à plat. Pour reconnaître les titres des ouvrages, on faisait pendre une étiquette accrochée à l'enveloppe ou bien on écrivait la numérotation des chapitres à l'encre à même la tranche inférieure des fascicules, celle-ci restant visible puisque le livre reposait à plat ».
Etant très commune, cette pratique n’a pas fait l’objet d’études spécifiques. Une mention rapide est faite par Monique Cohen, dans son compte-rendu de visite de bibliothèques chinoise en 1981, lorsqu’elle évoque la bibliothèque de Shanghai : « Les livres chinois sont rangés à part, à plat sur les étagères selon la tradition chinoise. Les livres rares et les manuscrits sont spécialement empaquetés, chaque livre contenant une notice assez détaillée sur une feuille glissée à l'intérieur » (p. 13).
On peut trouver des illustrations de bibliothèques qui en témoignent :
- En ligne :
- Une bibliothèque traditionnelle : photo 1, photo 2
- Une autre, stockant des livres à plat dans une étagère ;
- Une étagère du Pavillon Tianyi, la plus ancienne bibliothèque du pays.
- En pièce jointe, vous trouverez également 2 photos illustratives.
Aujourd’hui, des relieurs utilisent encore ce type de reliure traditionnelle, où le dos, absent, ne porte donc aucun information, contrairement aux reliures occidentale. La pièce de titre est portée par la 1ère de couverture. V
Voyez le site Au papier japonais, ou encore celui d’Hélène Genvrin, ainsi que celui de l’Imprimerie de Paris.
Sources consultées :
- Département des manuscrits orientaux de la BnF,
- Drège, Jean-Pierre. Les bibliothèques en Chine au temps des manuscrits : jusqu'au Xe siècle. Paris : École française d'Extrême-Orient, 1991.
- Chien Lin, Sharon. Libraries and librarianship in China. Westport, Conn. : Greenwood press, 1998.
- Lerner, Fred. The story of libraries : from the invention of writing to the computer age. New York : Continuum, 2009.
- Dictionnaire encyclopédique du livre, article « Chine » par Christophe Comentale
- Comentale, Christophe. « La reliure traditionnelle chinoise ». Art et métiers du livre, 2001, n°226
- Cohen, Monique. Le livre en Chine, du rouleau au cahier.
Si vous souhaitez approfondir les questions concernant les livres et les bibliothèques chinoises, voici quelques organismes de référence :
- Institut d’Asie Orientale ;
- Fonds chinois de la bibliothèque municipale de Lyon ;
- Médiathèque du Centre Culturel de Chine ;
- Bibliothèque d’études chinoises du collège de France.
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