La place du roman épistolaire aujourd'hui
Quelle est la place du roman épistolaire ces dernières années ? Est-ce qu'ils sont nombreux à être publiés chaque année ? Font-ils de bonnes ventes ? Que représentent-ils aujourd'hui ?
Réponse
Le roman épistolaire continue d’exister sous ses formes contemporaines. Même s’il en paraît moins qu’au 18e siècle, où il était très à la mode, beaucoup d’auteurs se plaisent à réinvestir le genre, en renouvelant les codes, les styles et les approches, et en proposant parfois une réflexion sur l’écriture même. Le public d’aujourd’hui ne boude pas le genre, il n’est que de constater le succès qu’a rencontré le roman Le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, traduit en français, qui a bénéficié d'une version audio, et d’une version cinématographique sortie en 2018.
A titre d’exemples récents, citons Les singuliers (2014), d’Anne Percin, ou encore Nous sommes cruels (2006), de Camille de Peretti, sorte de version moderne de Liaisons dangereuses.
C’est le polar que Romain Puértolas choisit d’investir sous forme épistolaire dans La police des fleurs, des arbres et des forêts (2019).
Dans L'appartement du dessous, Florence Herrlemann revisite la fonction à la fois cathartique et de transmission de l’écriture de lettres, au sein d’une relation d’amitié émouvante.
Le roman épistolaire contemporain est marqué par les nouveaux modes de communication : la correspondance par mails et par SMS, mais aussi l’écriture des blogs et autres journaux sur internet, les jeux en ligne, etc. Par exemple :
Celle que vous croyez (2016) de Camille Laurens ; La Toile (2017) de Sandra Lucbert, où des caractères manipulateurs et volontiers cruels, proches de ceux de Laclos, sont transposés dans le monde moderne des réseaux de communication.
Dans Un roman du réseau (2011), Véronique Taquin interroge la « communication linguistique sur Internet, qui démultiplie les rapports entre le virtuel et le réel », comme l’écrit Jacques Guilhaumou dans son article consacré à l’ouvrage. Vous trouverez de nombreuses informations sur le site du livre.
Sachez aussi qu’un certain nombre de romans sont publiés à compte d’auteur. Par exemple : Histoire d’@ (2015) de Laure Manel, ou encore La liberté de nous aimer (2019) de Ninon Amey.
L’étude littéraire a commencé à s’emparer du sujet. Ainsi, Damien Tornincasa consacre son mémoire de master au roman épisolaire dans l’édition actuelle : De l’épistolaire à l’e-pistolaire. La place du roman par «lettres» dans l’édition actuelle et ses possibilités de développement. Vous trouverez, dans la bibliographie notamment, de nombreuses références (en particulier dans la partie « Romans épistolaires du XXIe siècle », p. 109).
Marcotte, Sophie consacre un article au roman par courriel : « Les liaisons @nodines : un imaginaire du roman e-pistolaire ». Analyses : revue des littératures franco-canadiennes et québécoise. 2015, vol. 10 n°3, p. 81-107.
Voyez enfin cet article de Benoît Melançon en 2010 : « Épistol@rités, d’aujourd’hui à hier » qui établit le pont entre 18e siècle et époque contemporaine.