Romans remaniés
Les œuvres documentaires ressortent parfois en éditions enrichies (auto-formation, médecine, histoire, informatique, etc...). Je me demandais si vous aviez des exemples, cette fois, de romans enrichis, voire remaniés, si l'auteur, un temps certain après coup, n'était pas satisfait de sa première publication.
Réponse
La tentation du remaniement est courante chez les écrivains. Nombreux sont les romans à versions multiples : L’éducation sentimentale de Flaubert (1845 et 1869), À la recherche du temps perdu de Proust (1913-1927) – qui reprend très largement Jean Santeuil (commencé en 1895), etc. Mais, en général, l’étape de la publication met un terme à ces repentirs. On trouve toutefois aussi des cas de révision après publication. André Breton retouche Nadja (récit poétique et non roman, pour être exact) en 1963, soit plus de trente ans après la première édition (1928). Plus récemment, Maurice Déon a modifié Les poneys sauvages (cf. https://www.lepoint.fr/livres/michel-deon-en-relisant-les-poneys-sauvages-j-ai-ete-horrifie-19-12-2010-1277133_37.php# ). Une attitude qui n’est d’ailleurs pas du goût de tous (https://www.lefigaro.fr/livres/2010/12/08/03005-20101208ARTFIG00642-reecrire-ou-pas.php). La révolution numérique, bien sûr, transforme en profondeur les données du problème. L’application Sweek, par exemple, qui propose une publication en ligne chapitre par chapitre, fait à son usager la promesse suivante : « tu peux continuer à apporter des modifications et écrire en ligne et hors-ligne, n'importe où, n'importe quand ». A l’heure où le traitement de texte se substitue au manuscrit, où la mise en ligne concurrence la publication, qu’advient-il de la notion d’œuvre achevée ? Difficile à dire.